Rue du Mystère : pourquoi s’appelle-t-elle ainsi et depuis quand ?

Autrefois, cette rue n’était qu’un petit chemin situé entre les propriétés Duden et Zaman. Si l’on remonte encore plus loin dans le temps, à l’époque des Abbesses de l’Abbaye de Forest, le parc Duden était alors nommé bois de l’Abbaye et par la suite Heilig Kruis Bosch (Bois de la Croix). Ce nom lui était venu, suite à la présence d’un antique calvaire de pierre, à la pointe sud-ouest du Parc (actuellement au croisement Chaussée de Bruxelles et le bas de la rue du Mystère). C’est à cet endroit, qu’une légende rapporte qu’un voyageur inconnu fit une chute de cheval et en mourut.
Mais la croix, d’où vient-elle ? Des explications, certaines cette fois, précisent qu’en cet endroit, un nommé Jean Vrancx « fit passer de vie à trépas »le prêtre Jean Paridean. Un acte de réconciliation avec la famille du défunt fut dressé le 19 août 1491 en l’église Saint Denis, en présence du maire de Forest, représentant l’Abbesse de Forest. Celle-ci consentit à donner « le terrain et la place nécessaire » pour l’érection d’une croix expiatoire prévue dans l’acte précité. La croix de pierre, dont l’aspect évoque assez bien une tombe, porte une inscription latine à peine visible : « O crux Ave Spes Unica » (Salut, ô Croix, [notre] unique espérance) (1-2-3-5).

Il est par contre certain que la rue changea de multiples fois d’appellation : Kruisweg (1790), rue de la Croix (1836), rue de la Croix de Pierre (1874) pour finalement s’appeler Rue du Mystère (1915) car il existait déjà une rue de la Croix à Saint-Gilles.
Si jadis, la rue du Mystère était une venelle, aux ornières encombrées de pierres de sable, nombreux sont les forestois qui se souviennent encore d’une ruelle un peu sombre, recouverte de nos bons pavés bruxellois. Malheur à celui qui voulait, au départ de la Chaussée de Bruxelles, rejoindre le haut de la commune et l’Altitude Cent. Il lui fallait appuyer lourdement sur les pédales pour grimper la pente de 12 % de dénivelé (et on ne parlait pas encore de vélos électriques) !
C’est pourtant ce que fit le Tour de France de 1964 qui emprunta la rue du Mystère pour rejoindre le stade Adrien Bertelson (ainsi nommé en hommage à un ancien échevin de la Commune de Forest) ; stade mieux connu sous le nom de « La Forestoise » puisque cédé au club d’athlétisme de la Forestoise. L’un de nos membres, qui habitait près de là, se souvient fort bien des coureurs qui, passant devant le stade de l’Union Saint-Gilloise, avaient descendu la chaussée de Bruxelles et puis attaqué bravement la rue du Mystère et ses pavés maudits, pour rejoindre l’entrée du stade Bertelson par l’avenue du Globe. Pour la circonstance, il avait fallu goudronner l’entrée de celui-ci.

Quelques détails du passage du Tour à Forest en cette année 1964 (4) :
- Mercredi 24 juin : Etape 3a. Amiens – Forest, Vainqueur de l’étape et maillot jaune : le belge Bernard Van De Kerckhove
- Mercredi 24 juin : Etape 3b. Circuit de 21,3 km dans Forest, contre la montre par équipes
- Jeudi 25 juin : Etape 4 Forest – Metz, Vainqueur de l’étape : Rudi Altig, maillot jaune B. Van De Kerckhove
A Forest, l’arrivée au stade sera noire de monde car ‘’comme les œnologues annoncent une grande cuvée avant les vendanges, non seulement les spécialistes du cyclisme mais la France entière (et la Belgique aussi !) pressent, d’ores et déjà, un grand millésime pour l’édition 1964… c’étaient les années Anquetil – Poulidor … deux champions cyclistes font la une des journaux … Maître Jacques (Anquetil) et Poupou (Poulidor), deux surnoms … s’affrontent …’’ (5)

Depuis ces heures glorieuses, le calvaire et sa croix ont été aménagés et fleuris (voyez les deux photos de 2010 et 2020), la rue du Mystère a été asphaltée, le carrefour devant la croix est devenu une piste de jeux cyclables pour enfants, les trottoirs ont été sécurisés et il est toujours aussi difficile de grimper la rue du Mystère à vélo !