Louise De Hem, une femme dans un univers d’hommes
Extrait du Forestum nº 71 - Art nouveau, la ligne souple

Louise, artiste prometteuse de 18 ans, entame en 1885, une carrière de peintre et pastelliste dans sa bonne ville d’Ypres. Deux ans après sa première exposition, une bourse remise par sa ville natale lui permet de s’installer à Paris où elle étudie dans des écoles privées, les femmes se voyant, en ce temps-là, refuser l’accès à l’enseignement artistique officiel. Il est vrai que pour la gent féminine de l’époque, c’était soit la cage dorée de la bourgeoisie soit l’extrême pauvreté du peuple et dans tous les cas, le maintien dans un statut de mineure.

Se distinguant comme peintre et dessinatrice au pastel, elle a beaucoup de succès comme portraitiste mondaine mais aussi de natures mortes et d’intérieurs. Ses œuvres aux tonalités lumineuses et chatoyantes, au dessin gracile et plein de légèreté ont beaucoup d'attraits et récoltent de nombreuses commandes, décrochant en 1904 une médaille d'or au Salon de Paris.
Louise De Hem (1866- 1922) quitte la ville d’Ypres à la mort de son beau-frère en 1904 avec qui elle partageait un atelier. Elle s’installe avec sa sœur et sa mère à Forest dans une maison au 15-17rue Darwin (ancienne rue des Barnabites). Femme artiste quelque peu tombée dans l'ombre, cent ans après sa disparition, Louise nous lègue l’un des plus beaux ensembles d’architecture Art Nouveau à Forest-lez-Bruxelles. Une page du musée municipal d’Ypres lui est encore et toujours consacrée.
La maison-atelier de Louise De Hem
Une controverse existe au sujet des bâtiments : pour certains historiens, c’est Louise elle-même qui les a conçus et pour d’autres ce serait l’architecte Ernest Blerot (1870-1957) sur base d’une similitude avec la maison Bellinghen Tomberg, au 41 Place Morichar à Saint-Gilles.
La maison comporte trois niveaux. L’intérieur est riche de boiseries moulurées, de cheminées en marbre, de murs décorés, de vitraux colorés mais c’est bien la façade qui attire l’œil du passant par ses éléments décoratifs bien différents d’un niveau à l’autre. Elle est toute en pierre blanche agrémentée de lignes en pierre de couleur bleue.
Sous la corniche, une frise de fleurs en faïences parcourt toute la longueur de la façade. Les étages sont décorés de sgraffites. Au deuxième étage, un joli vol d’hirondelles et au premier, deux allégories, l’une du jour sous les traits d’un coq et du soleil levant, l’autre de la nuit sous l’apparence d’un hibou, d’un croissant de lune et des étoiles. Les balcons sont ornés d’une ferronnerie aux motifs végétaux complexes. Au rez-de-chaussée, l’immense baie vitrée est entourée de verres américains représentant des fleurs des marais et un oiseau de paradis.