La rude vie des « berkuzen », derniers maraîchers de Forest
Extrait du Forestum nº 72 - Terres potagères… le regain ?

A Forest, de nombreux terrains sont propices à la culture légumière, irrigués par un nombre important de ruisseaux. L’industrialisation et la création de nouveaux quartiers évincent l’un après l’autre les maraîchers de notre territoire. Au XXème siècle, il ne reste plus guère que quelques familles s’occupant de la culture maraîchère principalement dans le Bempt (surtout rue de Hal, rue du Dries, Chaussée de Neerstalle).
Les maraîchers portent le nom de « berkuzen » (en patois flamand « berkuus » signifie marais ou marécage), les plus illustres étant les familles Stercks, Vandersmissen, Schoonejans, Dequanter, Tielemans, Nielens, Robbi, Verheylewegen. Ils sont cependant plus souvent connus par leur sobriquet que par leur nom de famille. Ils cultivent principalement poireaux, céleri, chicorée, carottes, cerfeuil, radis, navets, choux et fraises qu’ils vendent sur les marchés de Bruxelles-ville (Grand’Place, Bourse, Place Sainte Catherine, Place du Marché aux Grains ou Parvis de Saint-Gilles).
Le cheval, compagnon de peine, indispensable allié
Le cheval est choisi vers l’âge de 18 mois. Il faut en effet énormément de patience pour en faire un cheval obéissant, calme et capable de se déplacer avec une charge lourde risquant à tout moment de déséquilibrer l’attelage sur les pavés glissants, les rues étroites et les rails de tram saillants. Lors de la course aux places du marché, les plus intrépides des « berkuzen » n’hésitent pas à doubler leurs concurrents en franchissant les trottoirs, s’immisçant entre les arbres et provoquant des accidents. Ce sont aussi les premiers excès de vitesse fortement punis par des amendes bien avant l’ère de la voiture. Les récalcitrants se trouvent privés de liberté au commissariat et parfois en prison.

Le cheval fait partie de la famille, il participe au travail des terres lors du labour. Il porte souvent un joli prénom. De nombreux maréchaux-ferrants s’établissent dans le quartier du Bempt et Place Saint-Denis, le cheval devant être toujours correctement ferré. Lors de certaines processions, les « berkuzen » sont fiers de montrer la puissance de leurs compagnons alors attelés par couple pour l’occasion. Et c’est souvent avec déchirement que les maraîchers se séparent de leur allié lorsque celui-ci n’est plus apte pour le service ou qu’il soit réquisitionné par l’armée en temps de guerre.